Faire durer une histoire d’amour

Dans un monde où la précarité et la flexibilité dominent et où les jeunes sont obligés de passer d’un emploi à l’autre, pour pouvoir payer le loyer, faire les courses, payer l’acompte de la voiture, bref survivre sans un possible et éventuel planning, on est aussi précaire en amour, temporaire même dans le cœur de quelqu’un, toujours prêt à trouver le repli et avec la roue de secours à bord.

Ils disent qu’il est nécessaire de s’adapter, car ce sont les règles maintenant et le fait que le monde aille ainsi ne signifie pas qu’il s’est aggravé, mais qu’il évolue simplement vers quelque chose de nouveau qui, dans quelques décennies, nous amènera à rebondir d’une occupation à l’autre en nous considérant libres et autonomes pour cela, sans nous demander « ce que je ferai demain », sans aspirer à un lieu fixe ennuyeux. Je ne sais pas, mais je trouve cela difficile à croire.
L’être humain a toujours eu besoin de stabilité. C’est quelque chose de physiologique comme être medium. Appelez ça « instinct », si vous voulez. De même que j’amène les hommes préhistoriques à passer du nomadisme et de la chasse au village et à l’agriculture, et enfin à la ville, qui est devenue une métropole, pleine de gens qui vont et viennent du monde entier, où tout s’accélère, mais qui, pour fonctionner, a encore besoin d’horaires fixes, de règles fixes, bref, de certitudes et de continuité.
Peut-on vraiment se passer d’une histoire d’amour stable et durable ?

En bref, pouvons-nous vivre bien toute notre vie en passant d’une relation à temps partiel à une autre ou avons-nous aussi besoin de sécurité émotionnelle pour progresser ?
Quand on s’aime en permanence, on fait ressortir le meilleur de l’autre. Le désir d’être meilleur que nous sommes naît en nous : perdre du poids, arrêter de fumer ou de se droguer, arrêter de boire, travailler plus dur, chercher un logement, renoncer à un mode de vie trop frivole, mieux prendre soin de soi, économiser de l’argent, mieux utiliser son temps, etc.
Dans le cadre d’une relation stable, l’incitation à adopter un modèle de vie plus sain et plus équilibré qui nous conduira à être de meilleures personnes et aussi de meilleurs citoyens grandit en nous. En bref, notre société a besoin de plus d’amour, et pas seulement de plus de travail, et d’une certaine manière, ces deux aspects vont de pair.
On ne peut pas vivre bien sans travail. Et on ne peut pas vivre bien sans amour. Le travail et l’amour sont deux lignes parallèles qui, à un certain moment, se croisent dans la vie de l’autre. Deux voies côte à côte dans la même direction.
Nous ne pouvons qu’espérer qu’ils seront aussi continus que possible, car, en sanglotant, nous n’avançons pas.

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